Travail réalisé par Morgane Courrier et Justine Le Bec
Le projet développé au sein de ce rapport écrit, se situe à Harnes, dans le Pas-de-Calais, à 30km au sud de Lille, à proximité de la ville de Lens. Harnes, dont des traces anciennes démontrent une présence qui remonte au moins à la période gallo-romaine (Ier siècle av. J.C, au 5ème siècle après J.C), se caractérise par son paysage humide marécageux, marqué par la Deûle au Nord, et la Souchez au Sud/Sud-Est, qui coulait à l’origine en deux capillaires puis a été canalisé. La commune se développe principalement au 19ème siècle avec l’exploitation charbonnière. La ville de Harnes dépend entièrement de la concession de la Compagnie des Mines de Courrières, qui y construit deux fosses: 9/17 au sud et 21/22 au nord, respectivement ouvertes en 1891 et 1917, et remblayées en 1970 et 1977. Deux cités minières sont nées de cette activité d’extraction, la Cité d’Orient avant la Première Guerre Mondiale, puis la Cité Bellevue dans les années 20 (voir P. 14.15). Celles-ci permettaient de loger gratuitement les mineurs, issus dans un premier temps des fermes à proximité, puis, par nécessité de mains d’oeuvre, des différentes vagues d’immigration. L’exploitation est fructueuse grâce à la présence de veines de charbon à une faible profondeur (entre 350 à 500m de profondeur). La composition du sol et du sous-sol, ainsi que leur relation avec l’eau représentent une donnée importante pour mieux comprendre la ville de Harnes. La triade eau/sol/sous-sol est la dimension par laquelle nous sommes nousmêmes rentrées dans le projet et qui nous a permis de mieux appréhender le site et déceler ce qui en fait sa spécificité.
Ces éléments ont été étudiés sous 3 angles: technique, historique et social. Sous l’aspect technique, nous avons pu y étudier les types de productions agricoles, la présence des sites pollués, la perméabilité des sols selon le revêtement en surface, la capacité d’infiltration des sols en fonction de la pédologie (composition des sols, de la terre), le risque potentiel d’inondation par remontée de nappes et la vulnérabilité des masses d’eau souterraine face aux pollutions. Sous l’aspect historique, il est question de différencier les marqueurs paysagers historiques en surface (terrils, cavalier) et ceux souterrains (les galeries et les puits). Enfin, l’aspect social nous a permis de relever les parcs et zones de nature accessibles au public, le rapport entre jardins privés et jardins publics ou partagés et enfin d’étudier la vacance immobilière au sein du quartier de Bellevue, cité minière à l’Est du cavalier minier. De ces analyses, nous avons pu synthétiser ces éléments sous forme d’une carte (voir P.16.17). Différents points sont à noter. D’abord, la capacité du sol à faire percoler l’eau est mise à mal par l’usage et le revêtement du sol, puisque ce sol perméable est localisé en particulier dans la zone urbaine qui est artificialisé et dans la zone agricole dont l’activité intensive alliée aux pesticides ont appauvri le sol. Aux abord des cours d’eau de la Souchez et de la Deûle, on note une quasi imperméabilité de la terre, ce qui entraine un ruissellement important des eaux de pluie. On y note également un risque non négligeable d’inondation, notamment par remontée de nappe, qui pourrait toucher les cités minières, et plus particulièrement les corons, qui sont les plus anciennes constructions domestiques liées à la mine dans la commune. Aussi, si l’on associe ces faits avec la présence importante d’anciens sites pollués et la pollution par nitrate et pesticide engendrée par l’agriculture, on se rend compte qu’il y a urgence à se ressaisir de la question de la place de l’eau en ville, et donc de la terre.
Ces données nous ont permis d’identifier notre site d’étude, qui selon nous rassemble différentes problématiques citées auparavant; présence d’une terre plutôt imperméable qui questionne la gestion de l’eau car on relève des risques d’inondation par remontée de nappe (à noter la présence de l’étang du brochet à proximité, qui résulte d’un affaissement minier), d’une topographie plus marquée à cet endroit qui, combinée avec l’imperméabilisation du sol, accentue le phénomène de ruissellement des eaux de pluie. Par ailleurs, il s’agit-là du premier coron construit à Harnes vers 1910, à proximité immédiate du Canal de la Souchez et de « la coulée verte », ancien cavalier minier. Le site comporte 8 maisons vacantes, ainsi qu’un ancien hangar et café tous deux abandonnés à l’Est. Enfin, c’est sur ce site que Mélusine Pagnier, architecte HMONP, doctorante depuis 2019 au LACTH, s’est établi pour mettre en place une permanence architecturale, dans le cadre de sa thèse intitulée: «L’architecte, entre art de la conception et art de la construction. Les pratiques collaboratives comme champ d’expérimentation.». (voir P.18.19)