2020

BRICOLER LA RENCONTRE -Comment créer de l’énergie sociale dans les cités ouvrières ?

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Travail réalisé par Pierre SIMONIN

«Ah, le Frais-Marais avant c’était autre chose !»

Un quartier vidé de ses habitants.

C’est le constat que je tire de ma première visite du quartier du Frais-Marais à Douai. En ce jour pluvieux de Février, chacun reste chez soi et les rues sont désertes. Semblable à une ville fantôme, le quartier apparait comme dépossédé de vies qu’on entrevoit à travers les étroites lucarnes des cités minières. C’est pourtant près de 3000 personnes qui vivent ici, comme protégées à l’abri dans leurs foyers. Devant un tel constat, je me dirige vers la toute récente bibliothèque qui a ouvert ses portes il y a quelques mois dans l’espoir de confronter cette première impression avec le point de vue des habitants. C’est alors que je rencontre Véronique, employée municipale en charge de l’entretien des bâtiments communaux. Après quelques échanges, nous nous dirigeons vers la salle de fêtes qu’elle doit ouvrir pour accueillir la répétition du club de majorettes. Je comprends alors que ces rues que nous traversons, c’est en vérité le centre névralgique du quartier. Au sein du même îlot, on retrouve les deux écoles, la bibliothèque, la mairie annexe, le bureau de poste, le parc de la Solitude, le local de répétition de l’Harmonie locale, le centre médical.

Pourtant nous sommes seuls.

J’interroge alors ma charmante interlocutrice, descendante d’une famille de mineurs qui évince la question pour m’évoquer non sans nostalgie le Frais-Marais d’autrefois. Cette réaction, je l’ai retrouvée chez beaucoup d’habitants du quartier qui partagent souvent cette phrase :

«Ah, le Frais-Marais, avant c’était autre chose ! »

Tous se rappellent de l’époque ou le quartier grouillait de vie, de rencontres, d’échanges. Les maisons et jardins étaient mieux entretenus et tous se retrouvaient dans des clubs de couture, de jeux de cartes, de gymnastique ou encore dans les estaminets qui occupaient les rez-de-chaussée.

Ces activités disparaissent aujourd’hui à mesure que la population du Frais-Marais vieillit et semble se sentir exclue des lieux que la municipalité s’efforce d’établir dans le quartier. Peu d’habitants m’ont fait part d’un réel intérêt pour la nouvelle bibliothèque et beaucoup évitent les parcs pour enfants qu’il jugent insécures. Ils préfèrent rester chez eux et privilégient les interactions au sein de cercles familiaux ou de voisinage proches. Je m’interroge alors sur le «vivre ensemble» si cher à la culture ouvrière. Est-il possible de le réinventer, de l’adapter à la société contemporaine voir future pour ces habitants, témoins d’un autre siècle ?

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