2020

L’architecture est un prétexte

  • #Bassin Minier
  • #Douai
  • #Cité du Frais-Marais
  • #post-minier
  • #post-mining
  • #patrimoine
  • #UNESCO
  • #architecture
  • #design
  • #paysage
  • #landscape
  • #culture minière
  • #auto-construction
  • #auto-réhabilitation
  • #auto-production
  • #ré-appropriation
  • #co-design
  • #co-conception

Travail réalisé par Inès JAMMES

“Que font ces gens dont on dit qu’ils ne font rien? ”
Le projet commence par une démarche de vérification d’une situation réelle en opposition aux images stigmatisantes de la figure de la cité minière aujourd’hui. « Inactifs » « chômeurs » « assistés », que se passe t-il en réalité derrière ces mots et les chiffres du chômage de cette classe populaire condamnée à l’invisibilité?

Si sur le papier, les taux de chômage du bassin minier sont très hauts (33% chez les 15-24 ans, chiffres INSEE 2009) et place la région comme une des plus touchées de France par la précarité salariale (la ville de Douai suivant ces chiffres) on remarque pourtant de nombreuses initiatives de subsistance à Frais Marais. Le bricolage, le jardin potager, des systèmes de récupération d’eau de pluie, les garages de rue, des micro-élevages, de la garde d’enfants et des échanges en tout genre sont observés et racontés par les habitants des cités lors de nos visites. Ces attitudes créent un contexte local d’interconnaissance et d’interdépendance fort entre les individus des cités: les habitants s’échangent des biens et des services, qu’ils soient rémunérés ou non. Cela forge une culture locale basée sur l’entraide et la débrouillardise. Celle-ci témoigne d’une adaptation discrète mais manifeste des habitants aux circonstances atténuantes de l’histoire du travail dans le bassin minier. Elle est également la victime d’une raréfaction des commerces de proximité à Frais Marais et d’une difficulté certaine à accéder aux services alimentaires basiques, comme le supermarché.
Aujourd’hui, cette culture populaire locale se mêle à une culture minière héritée du temps de la mono-industrie du charbon. Ainsi, différents savoir-faire transmis de générations en générations gardent une place aujourd’hui dans la cité et sont porteurs à la fois d’une valeur patrimoniale précieuse mais également assurent une fonction de lien social, indispensable à la vie de la cité.

Le projet souhaite également légitimer cette culture minière, en reconnaissant ses qualités patrimoniales fondamentales (qu’elles soient formelles avec des formes d’architectures spontanées, comme informelles avec des savoir-faire hérités) afin d’en assurer sa transmission pour les générations futures.

Après avoir manifester la découverte de cette culture locale, le projet est alors un travail en lien avec le déjà-là et la mémoire des lieux et tend vers un retour à l’appropriation du logement et du territoire par les habitants à travers l’auto-construction et l’auto-réhabilitation.
Comment ces attitudes d’auto-production et d’auto-construction prennent-elles place dans la morphologie urbaine des cités? Quels lieux de sociabilité, d’interactions ces attitudes créent-elles? Le projet veillera à concevoir un processus de ré-appropriation par des notions et des étapes clefs: la légitimisation et la revendication des savoir-faire habitants, la capacitation de l’habitant comme acteur de cette transformation, (autant politique que constructive) par la mise en place d’outils de décision, de conception et de construction. Un processus horizontal où habitants, architectes, experts et acteurs politiques se rencontrent et créent la ville ensemble.

Lire +

Articles suggérés

2020

RECONSTRUCTION D’UN TERROIR ÉNERGÉTIQUE

2020

BRICOLER LA RENCONTRE -Comment créer de l’énergie sociale dans les cités ouvrières ?

2020

résEAUX - De la gestion du risque à la ressource commune